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Camarade du mois

INTERVIEW EXCLUSIVE PAWOU BATANA (DG de l’IPNET)

Dans le domaine de l’ingénierie informatique au Togo, Pawou BATANA n’est plus à présenter. Directeur
Général & Fondateur du groupe IPNET, un projet qu’il avait ficelé en 2001 lorsqu’il était encore étudiant en Cybersécurité à DePaul University, School of Computing à Chicago et qui prit forme 2 ans plus tard cet ancien élève du collège Chaminade de Kara est Ingénieur en Systèmes de Télécommunications et en Cybersécurité. Aujourd’hui, l’homme cumule une trentaine d’année dans le domaine et a été cité en 2018 parmi les 10 des personnalités les plus influentes de l’économie numérique au Togo, par le Magazine CIO MAG. Malgré son dense emploi du temps, l’homme dont les secrets de réussite se résument à l’ardeur au travail, la discipline, la rigueur et la persévérance revient sur ses expériences professionnelles, les défis du numérique au Togo, l’alternative qu’il offre pour y faire face à travers son institut.

Au BOULOT ! Vous êtes reconnu comme un excellent spécialiste en télécommunications, en
cybersécurité et un pionnier de nombreux projets informatiques au Togo et ailleurs. Comment êtes-vous arrivé là ?

Pawou BATANA : En 1993, pendant que j’étais encore Ingénieur Télécoms à Togo Telecom : j’ai créé une
structure avec des amis pour gérer des cabines téléphoniques et la distribution des courriers. En 1997
nous avons ajouté un Cybercafé (Internet Café). 1999 à 2002, je décide de tout quitter pour les USA afin d’y
étudier l’informatique et la Cybersécurité, à DePaul University School of Computing. En réalité je redoutais
l’arrivée de la révolution numérique. A l’époque qui pouvais comprendre ce choix ? Pas grand monde, mais
cela ne m’a guère dissuadé. Pourtant en tant que chef division à Togo Telecom à l’époque, j’avais un véhicule
de fonction 4×4 et chauffeur ! Juin 2002, retour à Lomé avec un diplôme d’Ingénieur en Cybersécurité. La
révolution numérique est une réalité reconnue de tous aujourd’hui.
A mon retour, je fus de juin 2002 à Mars 2006, Conseiller du Directeur Général de Togo Telecom en
Informatique, Réseaux et Télécoms. En Mars 2006, je pris congés de Togo Telecom pour me mettre à plein
temps au service de IPNET EXPERTS SA. IPNET INSTITUTE OF TECHNOLOGY fut créé en Décembre 2006.

Au BOULOT ! : Vous êtes aujourd’hui le Directeur Général du géant IPNET INSTITUTE OF
TECHNOLOGY, pourquoi une telle initiative ?

PB : Les années à venir, nos pays feront face à un défi inédit en matière de chômage des jeunes, avec tout ce
que cela représente comme menace sur la stabilité. Une étude de Alain CAPO CHICHI, professeur d’université
de nationalité Béninoise, révèle que les effectifs des étudiants dans l’enseignement supérieur, dans 23 pays
d’Afrique Noire, y compris le Togo, vont doubler tous les 5 ans, et ce, jusqu’en 2050. Selon des chiffres officiels,
le Sénégal par exemple, aura 400 000 nouveaux demandeurs d’emplois par an à partir de 2023. Cela, alors
que l’administration sénégalaise ne recrute environs que 16 000 par an. La situation dans les autres 23 pays
est presque similaire. Je reste convaincu qu’un jeune formé à la résolution de problèmes (Problem Solving-Skills), à la créativité et àl’innovation, dans un secteur porteur, ne redoutera pas le chômage. Au contraire, il  verra les innombrables défis auxquels sont confrontés nos pays comme une opportunité. C’est donc pour lutter contre le chômage des jeunes que nous avons mis en place, à IPNET INSTITUTE OF TECHNOLOGY, un innovant système d’enseignement et de formation technique et professionnelle fondé sur 10 pratiques pédagogiques innovantes, dont justement « les projets étudiants ».

Au BOULOT !: En quoi IPNET diffère-t-il des autres instituts ?

PB : (sourire) Nous avons adopté dix pratiques pédagogiques que vous ne trouverez dans aucune Institution
d’Enseignement Supérieur, publique ou privée, au Togo. Il s’agit entre autres de l’installation de matériels
informatiques de pointes pour une formation pratique ;un réseau informatique grandeur nature, accessible tous les jours de l’année ; des projets professionnels pour former des diplômés rompus à la résolution des
problèmes et les sessions « Lunch & Learn » pour un meilleur développement personnel de l’étudiant sans
oublier le Contrôle de la qualité de l’enseignement au moyen de syllabus.

Au BOULOT ! : On taxe votre école de super chère. Vous n’offrez pas de bourses ?

PB : A IPNET INSTITUTE OF TECHOLOGY, nous avons opté pour une formation de qualité, cela vient avec un coût. Au niveau de la rémunération des enseignants, nous avons le taux horaire le plus élevé de toutes les Ecoles et Universités privées au Togo.
Nous avons un programme très varié d’une dizaine de bourses d’études, y compris la bourse d’excellence pour
laquelle il faut avoir au minimum une mention bien. 20 lauréats par an pour la bourse d’Excellence. Les lauréats de la bourse d’excellence IPNET INSTITUTE OF TECHNOLOGY payent seulement 50% des frais de scolarité de la 1 ère à la troisième année de Licence. Les détails sur nos bourses d’études se trouvent sur notre site internet (NDRL : www.ipnetuniversity.com/#/Bourses).

Au BOULOT ! : Quel est votre avis sur la connectivité au Togo? Pourquoi on est toujours loin du compte malgré les attentes des consommateurs ?

PB : La connectivité Internet (fibre optique, Adsl, et 4G) au Togo, en matière de couverture du pays et de prix,
a connu d’importants progrès ces dernière années, comparée à ce qu’elle était en 2015 par exemple. En Mars
2020, il fallait mettre 160.000 F CFA de crédit pour un volume de trafic de 60 GB de données : aujourd’hui la
promo Airfiber de Togocom permet de ne dépenser que 15.000 F CFA pour le même volume de données.
Les prix actuels des connexion Internet filaires (fibre optique et Adsl) peuvent difficilement être plus
bas : une connexion fibre optique de 20 Mbps coûtait plus de 20 millions de francs par mois en 2015 au Togo,
aujourd’hui, grâce à l’introduction de la concurrence, vous avez le même service pour environ 20.000 f cfa par
mois, soit une division par 1000 de l’abonnement mensuel ! Aujourd’hui, le défi majeur reste la qualité de
service en l’occurrence le temps entre la demande et l’installation de la connexion Internet et le temps que
l’opérateur met pour relever une panne.

Au BOULOT ! : Le digital au Togo peine à véritablement décoller malgré l’existence de nombreux entrepreneurs du domaine. Qu’est-ce qui explique cela ?

PB : Aujourd’hui, certains de nos enfants arrivent à l’université alors qu’ils ne savent même pas encore se
servir du STYLO du 21ème siècle. D’autres quittent l’université sans être capables de produire un bon
document au moyen de Microsoft Word, Excel ou PowerPoint. Nous accueillons parfois des étudiants, même
brillants sur les bancs, qui arrivent dans des filières en informatique alors qu’ils ne savent même pas se servir
d’un microordinateur : c’est un peu comme si vous acceptiez des candidats a une préparation de compétition
de FORMULE 1 alors qu’ils n’ont même pas encore le permis de conduire ordinaire !

Au BOULOT ! : Comment sortir de l’ornière alors ?

PB : Le décollage de la révolution numérique au Togo passe par le développement du capital humain. Cela
se fera à trois niveaux : il faut d’abord former une masse critique d’Ingénieurs dans des domaines clefs de
l’informatique, à savoir (liste non exhaustive) dans la cybersécurité, le génie Logiciel, le développement Web &
Mobile, le Webdesign, l’infographie, le MultiMedia et Digital Marketing, le data science et l’Intelligence Science
et l’Intelligence artificielle.

Ensuite, il est essentiel de former les cadres non informaticiens, les élèves ainsi que les étudiants pour leur permettre d’acquérir un minimum de compétences en informatique, (savoir se servir correctement de l’ordinateur, maitriser les outils de productivité et de collaboration)

Enfin il faudra lancer de grands projets de digitalisation, par exemple, l’état civil central. Au Cap Vert par
exemple, il n’y a plus de recensement électoral, tout l’état civil est informatisé ; dès qu’un citoyen atteint la
majorité, il reçoit un SMS l’invitant à aller retirer sa carte d’électeur. Au Rwanda, lorsqu’un citoyen fait la
demande de casier judiciaire, il le reçoit sur son téléphone dans les 30 minutes qui suivent sa demande.
En plus de tout ce qui précède, il devrait y avoir une vraie éclosion d’incubateurs de startups high-tech
dans nos pays quand on aura forme une masse critique d’Ingénieurs de très bon niveau, de préférence
maitrisant l’Anglais. Remarquons qu’en Israël, un pays d’environ le tiers de la superficie du Togo et une
population de 9 millions d’habitants, il existe plus de 6 700 startups informatiques !

Au BOULOT ! : Les entreprises africaines ont plutôt du mal à donner une place importante à la
digitalisation

PB : En effet, selon une étude de la Banque Mondiale, lorsqu’un pays augmente sa capacite en digitalisation
de 10%, cela induira une augmentation du taux de croissance économique de 1.22 points s’il s’agit d’un pays
en voie de développement, et de 1.18 points pour un pays développé. Cela vous permet de mesurer l’impact à
l’échelle de l’entreprise.

Cet article a aussi paru dans la version physique de votre magazine.

A propos de l'auteur

Sabine BIRGH

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