Le carrefour dit des ‘’Deux lions’’ est depuis quelques années le plus célèbre de la capitale Togolaise. L’œuvre qui, de par sa qualité et son symbolisme arrive à capitaliser une certaine fierté patriotique dans l’esprit des populations puisque représentant l’armoirie togolaise fut réalisé par Benoît FUSS. Au Boulot vous amène dans l’univers de cet artiste, qui certainement sera l’un des grands de sa génération.
L’AME DE PAUL AHYI
De son vrai nom Setonyo Benoît Koffi FUSSESSE, l’homme est né en 1982 dans la préfecture de Zio des parents togolais. L’homme était selon ces derniers prédestiné à une carrière dans le domaine car déjà à trois ans, son intérêt pour le dessin, le beau et l’architecture était évident. C’est donc naturellement que ceux-ci, l’orientèrent après ses études secondaires vers l’ingénierie civile à l’Institut de Formation de Technicien Supérieur en Ingénierie Civile, (IFTSD) de l’Université de Lomé où il obtint en 2011 son diplôme Universitaire de Technologie (DUT), spécialité génie civil.
Afin de concrétiser son ambition de devenir décorateur bâtiment, il s’inscrit chez feu Paul AHYI, icône de l’art plastique togolais avec qui il étudia pendant huit (ans) l’art plastique dans toute sa diversité. Benoît témoigne avoir appris de l’homme, « la rigueur dans le dessin d’art car même si on nait artiste, on apprend à le devenir quel que soit le talent ».
Surnommé « fils spirituel » de feu Paul AHYI, Benoît FUSS dit avoir appris de son maître plusieurs qualités et potentialités notamment liées à la réflexion artistique. « Il m’a appris comment penser comme un artiste ». Benoit vit aujourd’hui sa passion d’enfance. Il dessine, peint et sculpte. Ses matériaux de prédilection sont le bois, les alliages, le plâtre, les éléments de récupération, le granito, l’argile. Son impressionnant parcours permet de le classer sans exagération parmi les espoirs africains de l’art plastique.
Parcours
Après avoir embrassé tous les domaines de l’art plastique, l’artiste pose enfin ses valises dans la sculpture monumentale.
- 1992 : 1 er prix de dessin à Cotonou (bénin)
- 2005 : 1 er prix de dessin à Lomé (Togo) et exposition lancement de Agnasan Paul Ahyi au Centre Culturel Français (CCF)
- 2006 : 1 ère exposition avec Paul Ahyi
- 2007 : 2 ème exposition avec Paul Ahyi
- 2008 : 3 ème exposition avec Paul Ahyi et exposition Coopération culturelle Togo Corée à l’hôtel Sarakawa
- 2009 : exposition avec Paul Ahyi à Togo Métal et Bois (TMB), exposition de groupe (Drawing) danka circle à Accra au (Ghana), exposition non à la violence aux enfants au « Brin de chocolat » à Lomé
- 2010 : exposition Résonante à la BTCI
- 2012 : exposition Regards Croisés au Greenfield à Lomé.
- 2013 : exposition Africa Vibrations (EDA-Oba)
- 2014 : prix du meilleur artiste FAC à Dapaong
- 2019 : exposition (Transmission) à l’Institut Français du Togo
Quelques œuvres
Spécialisé dans la sculpture monumentale contemporaine, il monte minutieusement de gigantesques monuments que seule sa famille artistique peut décrypter. Et pour les réaliser, le génie togolais met en synergies les deux autres deux autres disciplines qu’il magnifie à savoir l’architecture, l’art visuels. « Avec l’architecture je il dessine les différentes formes de mes œuvres, je les rends esthétiques et sensationnels grâce à l’art et grâce à mes connaissance en génie civil, je les exécute en tenant compte de leurs dimensions monumentales». C’est donc dans une rigueur absolue qu’il réalise les calculs pointus liés au dosage des matériaux, à la descente de charge, aux concentrations des forces de ventilation en vue de maintenir sur le socle le poids de l’œuvre et sa masse. Ses créations accompagnent les réaménagements des principales agglomérations de Lomé. Voici pour vous une description de quelques-unes de ces œuvres, aussi fabuleuses les unes que les autres.
- Monument de la république ou « Armoiries du Togo » : réalisé en 2015, cette sculpture de 8 mètres de hauteur qui donne une « fière allure » à la capitale togolaise est la plus connue de toutes les œuvres de la star togolaise. Les deux (2) jeunes lions debout et adossés avec des arcs et flèches à la main expriment la vigilance du peuple togolais dans la garde de son indépendance, du levant au couchant.
- Œuf renversé : haut de 5 mètres avec un béton blanc sur charpente métallique résine plus du matériel composite, il est réalisé en 2014. Symbole de la renaissance, il marque le nouveau visage de la ville de Lomé avec ses grands boulevards. Il s’agit d’une œuvre ‘’prophétique’’ qui annonce l’architecture des villes africaines de demain.
- Le Buste de Léopold Sédar Senghor, ancien président du Sénégal : Situé à la jonction du Boulevard de la Kara et de celui de de Eyadema, cette œuvre qui rappelle la mémoire de l’ancien chef d’Etat et homme de lettre sénégalais a été réalisée en 2013. Elle mesure 6 mètres de haut et est composée de béton, de résine et de matériel composite. Cette œuvre offerte par la Francophonie à la ville de Lomé constitue à aujourd’hui, selon nos sources le plus grand buste de l’illustre personnage dans le monde entier.
- Buste du Pape Jean Paul : réalisé en 2012, il fait 1.40 mètre sur 0,96 et a été érigé à la chapelle de l’espace Agora Senghor où il trône juste après la béatification du Pape.
Projets
Comme le témoignent nombreuses de ces œuvres, Benoît FUSS s’intéresse beaucoup à son continent, trouvant en lui et dans ses réalités une source d’inspiration pour son art qui devient alors, un outil à mettre à la disposition de son développement. Benoît se dit actuellement concentré sur la réalisation d’une œuvre dédié à la Paix et l’Union entre les cinq (5) régions du Togo. « Il s’agit de grandes statuts dont chacune représente une région. Ces derniers sont en position circulaire et se tiennent la main dans la main ». On ne pourrait pas que saluer le génie de l’homme mais aussi admirer son engagement pour un monde de tolérance et de paix dans un contexte inquiétant aussi bien sur le plan national qu’international. « Etant artiste, je suis dans l’obligation de véhiculer un message de paix », clame-t-il.
En dehors de l’enseignement qui lui permet de transmettre ses connaissances et son art à la génération suivante, Benoît prépare et lancera bientôt un projet itinérant d’exposition des monuments dans les villes du Togo.
Cet article a aussi paru dans la version physique de votre magazine
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