Ecouter de la musique est un comportement qui a pris de l’ampleur en ce début du 21e siècle à la faveur de l’émancipation numérique. Laquelle a entraîné la vulgarisation des téléphones portables. Il n’est pas rare de voir sur les bureaux (dans les administrations publiques surtout) des postes transistor (radio) ou encore des employés casques ou écouteurs aux oreilles en pleine activités professionnelles. Ceux qui partagent le goût de la musique au travail sont nombreux mais ceux qui la considèrent comme une distraction sont aussi bien représentés. On imagine bien que les employeurs sont en bonne place dans cette dernière catégorie.
Dans tous les cas, la question doit être abordée objectivement, sans émotions mais sans non plus faire abstraction des réalités des uns et des autres.
- L’AVIS DES SPÉCIALISTES
Les recherches sur le lien entre l’écoute de la musique au travail et la rentabilité sont nombreuses. Mais les avis restent partagés. Pendant que vous pensez qu’écouter de la musique au travail empêche la concentration, c’est tout le contraire chez d’autres qui témoignent qu’écouter la musique au travail augmente leur concentration.
Sara Clavier, Avocate spécialiste du droit du Travail explique : « Il n’y a aucune loi, aucun article du Code du travail qui interdise d’écouter de la musique au travail, que ce soit avec ou sans écouteurs ».
Certains détracteurs de cette pratique affirment qu’écouter de la musique au boulot revient à se couper de son environnement et donc de la vie sociale de l’entreprise. Selon cette même tendance, la musique au lieu de stimuler le collaborateur, le fatigue. Selon Daniel Levitin, musicien et chercheur en psychologie cognitive, écouter de la musique peut devenir un véritable parasite surtout lorsque l’activité accomplie par l’employé sollicite les fonctions cognitives de son cerveau. Il s’agit d’activités liées à la lecture ou la correction de documents, l’écriture ou la communication avec les autres.
Une chose est certaine, la musique peut avoir une place privilégiée lors des activités professionnelles.
- LES BIENFAITS DE LA MUSIQUE AU TRAVAIL
Même si plusieurs études démontre l’effet positif de la musique sur la productivité, certains sont plus sensibles à ces bienfaits que d’autres.
1- La concentration
Une étude scientifique a prouvé que le plaisir que procure une musique appréciée permet au cerveau de sécréter des substances appelées endorphines. L’une d’entre elle la dopamine, aide à la concentration et permet d’entretenir de la vigilance sur le travail effectué. La musique permet également au travailleur d’échapper aux bruits environnants à travers la création d’un « autre monde ». Ainsi, si vous êtes nombreux au travail ou dans votre bureau, par exemple, le casque peut vous permettre de mieux vous concentrer sur ce que vous faites.
2- L’apprentissage
Certains travailleurs avouent que la musique leur permet de mémoriser plus rapidement les informations, et d’autres reconnaissent que c’est grâce à elle ils arrivent à assimiler des connaissances. D’ailleurs, chacun se souvient avoir appris des choses en chantant au cours son cursus scolaire; alphabet, jours de la semaine, mois, verbes, etc. « Lorsque les mots échouent, la musique parle » disait Heinrich Heine. La musique est d’ai un support pédagogique largement utilisé dans plusieurs processus d’apprentissage, notamment celui des langues étrangères.
3- L’évasion
Chez d’autres travailleurs, la musique leur sert à moins ressentir l’ennui et la fatigue. Dans un environnement stressant et empreint à la pression constante, la musique sert parfois à adoucir les tempéraments et les humeurs. Elle aide à diminuer le niveau de stress, d’anxiété et devient donc un moyen de relaxation.
Il est par ailleurs prouvé que la musique affecte positivement notre créativité et stimule la productivité.
Mais arriver à travailler tout en écoutant de la musique ne fonctionne pas pour tout le monde, et à tous les coups (heureusement!).
- QUAND EVITER D’ÉCOUTER DE LA MUSIQUE?
Comme expliqué plus haut, dire que la musique est conseillée au bureau ne saurait être une parole d’évangile. La musique n’est pas semblable à l’une de ces nombreuses solutions parfaites que l’on nous présente aujourd’hui; qui n’ont que des vertus et aucun défaut, qui peuvent guérir toutes les maladies à la fois! Pensez donc à ne pas écouter la musique au travail sinon à réduire une telle écoute dans les cas suivants:
1- La dépendance
L’addiction à la musique au travail peut avoir un un effet négatif sur vous. En effet, le jour où vous ne pourrez pas en écouter, et bien vous ne pourrez pas travailler. Il serait néfaste pour tout professionnel et pour la structure pour laquelle elle travaille de se retrouver en baisse d’efficacité ou pire, dans impossibilité de travailler juste parce qu’elle n’a pas ses écouteurs ou son casque. La musique ne doit pas devenir une source de problèmes alors même qu’elle est sensée en régler. Évitez donc d’en faire une addiction. Vous pourrez déjà commencer par contrôler le nombre d’heures que vous faites avec votre casque ou vos écouteurs.
2- La sensibilité
Certaines personnes sont trop sensibles à la musique. En tout cas, pas dans le sens qu’il faut pour qu’écouter la musique au bureau soit profitable à leurs performances. Si vous savez que la musique vous distrait facilement, vous devrez commencer par vous en passer au bureau. Hormis bien sûr les occasions où vous souhaitez vous détendre ou vous déstresser pour quelques minutes.
3- Les musiques bruyantes et les nouveautés
Sur le lieu du travail, lorsque la musique est bruyante, vous avez tout intérêt à vous en passer. Cela pourrait avoir l’effet contraire de ralentir votre élan d’apprentissage, surtout dans les cas où elles contiennent des paroles.
Il en est de même d’une musique que vous n’avez jamais entendu ou que vous avez appris récemment. Ce genre de musique stoppe votre concentration sur le travail car elle retient votre attention et votre curiosité.
Si aucun texte n’interdit l’écoute de la musique au travail, il faut croire que l’employeur peut en restreindre l’écoute, notamment pour des raisons de sécurité. « Sur un chantier, par exemple, on peut considérer que la musique peut nuire à la concentration des ouvriers, et de ce fait provoquer (ou augmenter NDLR) des risques d’accidents. Ce qui peut justifier une interdiction », estime Sara Clavier.
Dans de nombreux pays, la législation donne la possibilité à l’employeur d’apporter des restrictions aux droits des salariés et à leurs libertés individuelles qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ». Dans tous les cas, tout est permis mais tout n’est pas (forcément) utile. Encore faut t-il à l’employé de savoir quel genre de musique écouter au travail et à quelle(s) occasion(s).
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