Pour limiter la propagation de la pandémie, des mesures barrières ont été prises dans presque tous les État du monde. Au Togo, comme ailleurs, la mise en œuvre de ces mesures a bouleversé l’économie. Afin d’évaluer l’effet de cette crise sur les activités des entreprises privées, la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Togo (CCIT) a mené une enquête dont l’essentiel a été transcris dans un rapport.
Sur le chiffre d’affaire
Malgré tous les acquis obtenus grâce aux réformes engagées dans le pays depuis quelques années, le secteur privé résolument engagé à accompagner le gouvernement dans la réalisation du Plan National de Développement (PND 2018-2020), se retrouve aujourd’hui dans un environnement fragile dû à cette crise sanitaire.
Les tendances mondiales révèlent que le Togo pourrait enregistrer une baisse de son PIB et avoir un taux d’inflation en hausse à cause du Covid-19 si aucune mesure économique et sociale n’est prise.
En effet, la pandémie a un impact négatif sur les finances publiques mais également sur la production des entreprises et la consommation des ménages. Des branches d’activités à savoir : les transports, le commerce, l’hébergement, l’enseignement et les activités financières seront probablement les plus affectées avec une baisse conséquente de leur valeur ajoutée à l’économie. Par ailleurs, étant donné que le secteur privé togolais est majoritairement composé de petites et moyennes entreprises, surtout informelles, et concentrées dans le commerce et les services, la pandémie peut conduire à la fermeture de ces entreprises peu productrices et mettre à risque des centaines de milliers d’emplois. La production des grandes entreprises fortement liée aux exportations baissera drastiquement conduisant à une baisse des investissements à cause de la méfiance du système bancaire et par ricochet une diminution de leur production ayant pour conséquence une contraction du personnel pour réduire les coûts de production
Sur l’employabilité
D’après l’enquête, il ressort que jusqu’alors près de 62% des entreprises du secteur privé togolais ont gardé la totalité de leurs salariés malgré les difficultés liés au covid-19. Ce constat peut s’expliquer par les contraintes en matière de licenciement, le sentiment de confiance des entreprises à une reprise prochaine rapide des activités, le choix d’éviter les coûts de rotation et ceux liés à des éventuels nouveaux recrutements. En revanche, plus de 37% des entreprises ont réduit leur nombre de salariés avec un pic dans la branche industrie, mines et BTP (47%). La mesure concernant l’interdiction de rassemblement de plus de 15 personnes a contraint plusieurs entreprises de cette branche à réduire son personnel ou simplement à suspendre les travaux en cours par mesure de prudence. Les pertes massives d’emplois et de revenus pourraient constituer une menace pour la sécurité car elles pourraient être la source d’une instabilité sociale.
Selon les secteurs d’activité, les entreprises privées qui opèrent dans le commerce sont plus confrontées au problème de baisse de ventes et d’approvisionnement. Par ailleurs, en plus des problèmes d’approvisionnement, les entreprises qui exercent dans la branche des services ont un problème de baisse de leur production. Ces difficultés sont plus nombreuses pour les entreprises exerçant dans la branche industrielle, mines et BTP qui en plus des difficultés d’approvisionnement et d’accès au financement ont aussi des problèmes de baisse de leur production et de diminution de leurs ventes. Quant aux entreprises opérant dans le secteur agricole, la baisse des ventes est la difficulté majeure suivie du problème d’accès au financement, de transport de marchandises et celui de l’approvisionnement.
Des approches de solutions
Face à la pandémie du covid-19, les entreprises du secteur privé ont pris des mesures pour limiter la propagation de la maladie en adoptant plusieurs stratégies. Une grande majorité d’entreprise (53,8%) a opté pour le travail à temps partiel.
D’autres ont préféré arrêter temporairement leurs activités (24,6%), mettre en chômage technique leurs employés (21,3%) ou baisser leur production (13,3%).
En revanche certaines entreprises ont licencié leur personnel (5,2%) ou simplement ont changé d’activité (2,7%). Ces mesures permettront aux entreprises de tenir certainement à court terme mais si la pandémie perdure, beaucoup finiront par déposer leur bilan.
En définitive, la pandémie à coronavirus, a eu un réel impact sur la vie des entreprises privées au Togo. Concernant le chiffre d’affaires, plus de 92% des entreprises ont enregistré une baisse entre février et mars 2020. Au niveau de l’emploi, l’étude ressort que près de 62% des entreprises du secteur privé togolais ont gardé la totalité de leurs salariés malgré les difficultés. Certains cas de licenciement ont également été notés.
Il est donc impérieux que le gouvernement de soutenir le secteur par des actions d’envergure. A ce sujet, l’étude suggère entre autres :
- Une subvention pendant la crise d’au moins le SMIG pour chaque employé des Petites et Moyennes Entreprises avec la garantie de non-licenciement.
- Le renforcement de la promotion de la consommation locale en prenant des mesures qui facilitent l’accès et la distribution des produits locaux
- Le soutien des petites et moyennes entreprises par une garantie d’accès au financement, l’octroi des subventions et de prêts concessionnels
- L’exonération du paiement de l’IRPP et l’IS pour une période, les Petites et Moyennes Entreprises du secteur privé.
La mise en œuvre de certaines de ces recommandations pourrait s’appuyer sur des programmes comme le Fonds de Garantie et d’Investissement en cours de mise en place par la CCIT et le Programme de Restructuration et de Mise à Niveau des Entreprises.
Cet article a aussi paru dans la version physique de votre magazine.
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