A la veille de la fin de son mandat, Miss Togo 2018, Ichabatou GNONGBO-TCHORO parle avec Au Boulot de sa vie depuis toute petite jusqu’à sa consécration en tant que reine de la beauté togolaise. Etudiante en Master, Droit des affaires et Fiscalité, celle qui est née à Adjengré dans la préfecture de Sotouboua vient de souffler ses 23 ans (18 Août). Entre autres déclarations, elle partage avec nous ce que sera son « après-mandat ».
Miss Ichabatou GNONGBO-TCHORO : Bien évidemment. D’une part, les avantages socio-économiques. J’ai reçu d’énormes cadeaux que vous savez déjà (voiture, logement, fonds, bourses d’études, etc.) et j’ai eu l’avantage de voyager et de découvrir d’autres pays que je ne connaissais pas. Ce fut aussi l’occasion de côtoyer de grandes personnalités surtout des femmes de vision. Cela m’a permis de m’inculquer certaines valeurs que je n’avais pas développées, notamment : la rigueur, l’intelligence émotionnelle et relationnelle, le sens du pardon, la tolérance etc.
»Je n’avais que 9 ans lorsque bon nombre de personnes m’appelaient déjà Miss »
J’ai débuté l’école chez mes grands-parents dans un village nommé TCHAGAWOUDÊ, dans la préfecture de Sotouboua. Vous l’aurez compris, je n’ai pas passé mon enfance dans un palais royal. Ensuite, quelques temps après avoir rejoint ma mère à Lomé en 2005, j’ai perdu mon père qui résidait à Sokodè. Ça a été une expérience douloureuse. C’est à ce moment que j’ai commencé à réaliser que l’on doit se battre dans la vie. Je n’avais que 9 ans lorsque bon nombre de personnes m’appelaient déjà Miss. C’est ainsi que le désir de devenir Miss Togo un jour naquit au tréfond de mon être. Toutefois la priorité à l’époque était les études et ma mère n’a pas manqué de me soutenir. C’est d’ailleurs pourquoi, quand je devrais reprendre une Unité d’Enseignement (UE) à la Faculté de Droit de l’Université de Lomé pour le compte de l’année académique 2016-2017, elle a exigé que je continue mes études dans une université privée sur ses propres fonds.
Le projet sur lequel je me suis investie avait pour thème : « l’assistance des femmes atteintes de la fistule obstétricale et aux enfants orphelins et démunies dans leur scolarisation ». La fistule obstétricale est une maladie qui survient lors d’un accouchement difficile précisément, l’accouchement par césarienne. Du fait de l’odeur nauséabonde qu’elle dégage, elle est considérée comme honteuse. La conséquence est que ces femmes sont stigmatisées. Mes objectifs à travers était d’attirer l’attention de l’opinion et des autorités sur ce fléau et de sensibiliser ces femmes sur les solutions médicales existantes.
Il y avait les activités ludiques certes, mais aussi et surtout mes études et formations, car on est ambassadrice de la beauté togolaise seulement pour une année. Après, je dois continuer ma vie et poursuivre ma mission sur terre conformément à ce pour quoi mon cœur bat.
La couronne miss Togo fut pour moi, une marque de sacrifice et le symbole de la réalisation d’un rêve d’enfance, le tout dynamisé par mon ambition à inspirer de façon positive d’autres jeunes.
- Belle : bien qu’on naît avec la beauté, il faut en prendre soin ;
- Intelligente : c’est elle qui permet à la Miss d’être ouverte et vive d’esprit ;
- Humble : c’est une nécessité chez la personne qui veut aller loin, car là où l’intelligence ne peut pas emmener une personne, son humilité peut l’y conduire ;
- Souriante : elle est gratuite, mais crée le bonheur dans son environnement. Le sourire permet de mettre en évidence la beauté d’une femme.
Rires. Un cocktail de joie que de tristesse : une chose et son contraire. Puisque quand j’y pense tantôt, j’ai hâte de remettre la couronne pour me consacrer sur mes études pour devenir une Avocate. Tantôt, je me vois triste, car je ne serai plus l’ambassadrice de la beauté togolaise. Ce qui signifie donc que je n’aurai plus certains avantages. Malgré tout, le premier sentiment, prend le dessus car dans la vie, il faut savoir quitter le tabouret sur lequel on est assis, avant d’avancer pour aller s’asseoir dans le fauteuil qui est préparé.
Je fais très attention pour ne pas tomber dans des pièges qui pourront me coûter des nuits sans sommeil et de pleurs. Il y a un temps pour être seule et profiter pour se bâtir, puis un temps pour vivre à deux afin d’apporter le bonheur dans la vie de l’autre.
Me consacrer à mon ambition de devenir une Avocate et une arbitre internationale. Je compte aussi investir dans le social pour apporter ma modeste contribution aux ONGs se consacrant aux orphelins et personnes démunies.
Tout le monde a sa conception des choses. On ne peut pas blâmer tout de suite ceux qui sont contre le concours miss Togo, car ils agissent sur la base de ce qu’ils croient et de ce qu’ils ont à tort appris. La responsabilité nous incombe à chaque fois qu’une occasion comme celle-ci présente, de démystifier ce concours et de communiquer autour du concept, lequel ne fait qu’encourager l’émergence de la jeune fille. Pour avoir participé à ce concours et presque à la fin de mon mandat, je dirai que le concept miss Togo est un véritable cadre qui éduque, forme et discipline la jeune fille autour des valeurs patriotiques, culturelles et de leadership féminin, le tout labellisées de la vision magnifique du comité, non compatible avec les convictions religieuses et sociales de chaque candidate.
Investissez en vous et planifiez votre succès ! L’investissement en soi est très important pour réussir tout projet, toutefois c’est la planification qui permet surtout d’y arriver. Avec cet effort, si vous allez et vous gagnez, c’est que vous avez gagné. Mais si vous revenez sans la couronne, sachez le bien : vous n’avez pas perdu. Vous avez acquis juste une expérience pour mieux vous faire valoir ailleurs. Un petit conseil pour finir, ajouter à tout projet, une bonne dose de prières à Dieu, qui relève nos forces lorsqu’on est faible.
Tout le plaisir est pour moi de partager mon expérience avec vous, et longue vie à « Au Boulot ». Merci infiniment pour le choix porté sur ma personne. A bientôt.
Propos recueillis par Christelle Agnindom
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