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Trav'ailleurs

Lauretta SANVEE-ADANLETE : Fondatrice et Directrice Générale de LSA Prod

Lauretta SANVEE-ADANLETE, celle qui se définit comme Afro-cosmopolitaine, afropéenne, citoyenne du monde a très tôt débuté son périple professionnel. Grande passionnée d’art, elle suit son petit bonhomme de chemin en tentant de développer LSA PROD, agence de communication et de production créative qui a pour vision de « révéler les rêves » de ses clients. Et la liste des pays qu’elle a parcourus ne fait que s’allonger. De Mayotte, en passant par la Guyane, le Bénin, le Ghana, le Royaume-Unis, le Gabon, le Niger et la Côte d’Ivoire où elle séjourne depuis quelques temps, elle a le don de se fondre dans la masse dirait-on. Entre travail et loisir, Lauretta veut tirer son épingle du jeu et le montre.

Au Boulot : Parlez-nous un peu de votre parcours.

LSA : J’ai un Bac L option Histoire de l’Art, un Master en Information et Communication et un MBA en Marketing et Management de l’Evènementiel. Mais je  suis une touche à tout qui aime explorer mes différents talents. J’ai travaillé en France pour différentes structures, principalement comme chargée de communication dans des domaines novateurs aussi bien sur le genre  avec «  Ni Putes, ni Soumises », que sur des questions d’environnements, d’éthiques avec « Rendez-vous RP » que sur un segment de marketing ethnique et sur des RP globales avec «Agence Olivia Goldman » tout en étant pigiste pour le 1er magazine pour la Femme Noire « Amina » ou encore Fashizblack. Au Togo, ma première expérience fut un stage au Port Autonome de Lomé en 2007. J’ai également travaillé pour Hermès Communication et souhaitant rendre un vibrant hommage à ma grand-mère Patience SANVEE qui a été la première « Nana-Benz », je  crée l’événement « La Nuit du Pagne » en 2008, et participe au reportage « Le tissu pagne au Togo » de Kokou Agbémadon, sélectionné au FESPACO 2009 (« Panorama Documentaires africains »). En  2010, je m’installe au Togo  et je deviens tour à tour « Communication Manager » à « Asky », puis durant plus de 4  ans « Responsable Média » à « Moov-Togo », puis crée LSA PROD, en Janvier 2015. Durant 1 an, j’ai eu l’opportunité  d’apporter ma pierre à l’édifice de NCI, la première chaine de télévision privée généraliste de Côte d’Ivoire.

A.B : Dites-nous, comment a débuté votre aventure ivoirienne.

LSA : Pendant  la diffusion de «  Afrikan Beauty Le Mag » sur A+,  j’ai énormément de sollicitations sur la Cote d’ Ivoire ; tout le monde me dit que c’est THE PLACE TO BE niveau business, opportunité  qu’Abidjan est le hub de l’Afrique francophone.  A ce moment-là, je ne peux pas vraiment bouger, car ma structure n’est pas assez mur, je forme encore mon personnel, les marchés sont latents etc…Après 4-5 ans, je reconsidère cette option vu que j’ai une team hyper réceptive et proactive (Big-Up à elle..sourire) et je peux compter sur elle. Et pour dire vrai, le marché au Togo est trop étroit, donc LSA PROD   a besoin de se développer pour vivre…

Arrivée à Abidjan, je prospecte tout en animant en soirée l’émission Le Vibe Night Show. Après la première saison, je continue mes va- et -vient  avec Lomé et on  me propose entre autres le poste de Marketing Manager à la Nouvelle Chaîne Ivoirienne. J’accepte  car mon cœur d’activité est la création de contenu mais également parce que la TNT doit être lancée dans tous les pays africains. De plus, c’est une très belle opportunité dans le sens où c’est la Cote d’Ivoire est précurseur et je peux l’ajouter à mon expérience professionnelle, mais également et surtout à celle de LSA PROD. C’est comme ça que je me réinstalle sur Abidjan.

A.B : Pourquoi avez-vous opté pour un travail en dehors du Togo ?

LSA : Je n’ai pas opté pour un travail hors du Togo. Ce qui est marrant c’est que mes amis avec qui j’ai grandi en France ne comprennent pas que je sois en Afrique. Pour moi, je suis le fruit de la nouvelle génération, pleine de melting-pot qui voyage énormément. Mes parents ont toujours beaucoup voyagé et pareil pour moi. Je n’ai pas de frein. Je suis là, demain je peux être ailleurs selon mes aspirations, mes opportunités, le business, etc…

A.B : A votre arrivée à Abidjan, comment a été votre intégration ?

LSA : J’avais déjà beaucoup d’amis sur Abidjan; certains de Paris, de Niamey et même de Lomé qui s’y sont installés. Abidjan est vraiment une ville cosmopolitaine faite de melting-pot incroyable avec une très bonne énergie. Néanmoins, je suis venue pour un challenge professionnel donc je ne suis pas la personne qui sort, qui va ’’chiller’’. J’ai des objectifs à atteindre et je suis vraiment focus sur ces objectifs. Je n’ai même pas vraiment visité la Côte d’Ivoire (je dois y remédier très rapidement lol). Je m’intègre partout donc je n’ai pas de problème dans ce sens.  Peu importe où je suis. Au Togo par exemple, je n’y ai pas du tout grandi mais peu le savent.

A.B : Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle à la NCI ?

LSA : Je n’en ai pas une particulièrement, j’ai eu plusieurs challenges mais ce que j’ai eu à retenir c’est vraiment le côté humain. Cela m’a conforté dans ces valeurs-là, l’humain au centre de tout, au centre de la création même. J’étais là pour un poste mais j’en ai fait au moins six ou sept. J’aime apprendre, il y’ a eu le covid avec mes collègues ont a dû faire preuve ensemble de résilience, d’abnégation et ce fut top… Une très belle expérience de vie. Et comme je le dis toujours, l’Homme et l’humain sont et resteront au centre de tout. J’ai eu à rencontrer de belles personnes avec qui je travaille toujours sur certains projets, c’est pour dire !!!

A.B : Quelles sont les raisons de votre récente démission ?

LSA : (rire) ça reste confidentiel, tout reste confidentiel mais plus sérieusement j’étais là pour un objectif, je l’ai atteint donc je poursuis d’autres objectifs et ainsi de suite….mais ce fut une expérience enrichissante qui m’a vraiment conforté dans ma vision et mes valeurs du travail.

A.B : La Cote d’ivoire est qualifiée de carrefour de l’Afrique francophone. Plusieurs ressortissants s’y retrouvent. Quel impact a ce brassage culturel sur vous ? Comment est-ce que les ivoiriens vous perçoivent ?

LSA : Moi j’ai toujours été étrangère peu importe où j’étais. Là, on me percevait comme la franco-togolaise. J’avais un collègue qui disait qu’ils étaient les locaux et nous nous sommes les répats. Le problème est assez récurent au Togo et dans certains pays africains. Les gens pensent que quand on vient de l’extérieur on est meilleur. Ce n’est pas vrai. Oui, la formation est peut être mieux faite, on peut avoir beaucoup plus d’expérience mais ça ne veut rien dire. Je pense qu’il faut déconstruire certaines choses et reconstruire d’autres. Il faut aussi faire en sorte que la formation sur notre continent soit plus valorisée.

A.B : Selon vous, quelle différence existe-t-il entre le monde audiovisuel ivoirien et togolais?

LSA : En Côte d’Ivoire, il y a beaucoup plus de régulation. Par exemple, avant de diffuser un spot publicitaire à la télévision, ça doit passer par le CSP (Conseil Supérieur de la Publicité)  qui doit donner son aval ; c’est son rôle. Cette autorisation est donnée avant diffusion. Les spots doivent respecter certains critères techniques.

Par rapport aux tarifs de la diffusion des spots publicitaires, même avec les réductions, le spot et la télé sont valorisés. Au Togo, on pourra voir quelqu’un payer 20.000f CFA un spot de télé. Hormis cela, en Côte d’Ivoire, les télés achètent du contenu. Au Togo, c’est aberrant, certaines chaines n’en achètent pas, téléchargent et pire, demandent aux producteurs de payer la diffusion du contenu. Le contenu est le nerf de la guerre, encore plus aujourd’hui. Il faut vraiment qu’au Togo il y ait un financement pour la production, qu’elle soit locale, qu’on raconte notre propre histoire. Au Togo, il y a encore énormément de piratage, or aujourd’hui, une chaine privée comme publique ne doit plus se permettre ce vol de propriété intellectuelle et c’est à tous les niveaux…On se décrédibilise et on tue le business.

A part cela je trouve qu’il y a beaucoup plus de valorisation des métiers, des salaires en Côte d’Ivoire liés aux domaines des médias, du divertissement, de la culture, du tourisme… Au Togo, les journalistes sont très peu payés. Le métier n’est pas valorisé, tout est politisé. Il faut laisser les journalistes dire certaines choses et il faut miser sur leurs formations. La presse est le quatrième pouvoir. En Côte d’ivoire il y a le passage à la TNT pour la télé, le Togo ne l’a pas encore fait. Sur certaines chaines, on peut voir des spots qui font presqu’une minute, voire plus. Il y a des codes à la télé, des codes pour les spots, des codes pour les différents contenus. Il y a tout cela à revoir au Togo.

Par rapport à la communication et la production au Togo, tout le monde se lève et puis crée son agence, ne paie pas de taxe et puis fait des prix qui sont justes impossibles. Aujourd’hui, tu peux voire au Togo, une charte graphique à 50.000f CFA. Comment peut-on payer son personnel en faisant une charte graphique à 50.000f CFA ? D’autres vont appeler pour une stratégie et ne voudront pas payer la stratégie. L’essence même de notre domaine découle d’une stratégie. Il faut payer la stratégie, payer des salaires, des impôts, des taxes. Tout est basé sur  le copinage et non l’expertise. Cela tue notre économie et le business qui ne peut dans ce cas être qualitatif. Il faut une refonte du système. Il faut une vraie volonté politique pour réguler le monde de  communication au Togo.

A.B : Selon vous, qu’est ce qui manque au secteur culturel togolais pour être compétitifs ?

LSA : je pense qu’il manque de la cohésion. Développer le réseau ensemble pour mettre en avant les différents acteurs dans les différents domaines d’activités. L’Etat doit aussi afficher une réelle volonté de développer la culture au Togo en imposant certaines choses. Cela a été fait dans certains pays. C’est pour ça qu’il y a un quota de musique française à diffuser sur les médias français. Les entreprises doivent aussi mettre la main à la poche.  La culture c’est ce qui reste, c’est ce qu’on retient d’un pays et c’est un domaine où il y a de l’argent à se faire !!

A.B : Seriez-vous prête à revenir au Togo ?         

LSA : Pour moi je ne suis pas partie, dans le sens où j’ai du personnel au Togo et que j’y suis régulièrement. Maintenant si j’ai des propositions concrètes à part ce qu’on fait déjà sur le Togo, Oui. Why not. C’est un beau pays, il y beaucoup de choses à faire. Moi je veux travailler pour mon pays, pour le développement de mon continent. Donnez-nous la chance de pouvoir travailler. Je suis fatiguée d’aller sur des appels d’offres où tout est déjà pipé. Je veux qu’on nous appelle parce qu’on est compétent (sourire, on ne cesse de le démontrer..) et qu’on veut travailler avec une agence qui a certaines valeurs, une vision comme c’est le cas de LSA Prod pour ensemble ne cesser de se développer !!

Cet article a aussi paru dans la version physique de votre magazine.

A propos de l'auteur

Sabine BIRGH

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