Le zémidjan est généralement très apprécié par la population active, parce qu’il va plus vite que les chauffeurs de taxi. L’expression ‘‘ Zémidjan’’ vient de la langue fon, elle signifie « emmène-moi vite ou dépose-moi à destination ». En effet, le métier est apparu en 1980 au Bénin, à un moment où le pays faisait face au Programme d’ajustement structurel (PAS) de la Banque Mondiale. Les jeunes béninois se sont mis à cette activité afin de faire face à la crise économique du moment.
Au Togo, l’appellation consacrée pour désigner cet agent du quotidien est « Oléyia » du mina ‘’Tu y vas ?’’. C’est en réalité, la question que pose les conducteurs de taxi-moto aux piétons pour leur offrir leur service… A notre tour d’y aller, pour découvrir ce chauffeur atypique.
Le zémidjan, un ‘’polyvalent’’
Appelé ‘’Okada’’ au Nigéria, le zémidjan est particulièrement reconnu pour sa capacité à toujours s’en sortir des embouteillages monstres. Sa facilité à accéder à des endroits auxquels les chauffeurs de Taxi (voiture) ne peuvent aller, fait de lui un chauffeur très prisé. Particulièrement habile, l’homme semble avoir permanemment la main sur le klaxon et on peut dire qu’il sait s’en servir ! Car il n’aime pas les obstacles. Le quotidien du conducteur de taxi-moto est une course contre la montre. Nombreuses sont ses astuces pour doubler un engin sur la voie.
Le zémidjan est un observateur fin de la situation politique. Le décryptage qu’il en fait est toujours impressionnant. Il semble connaître tous les acteurs plus qu’eux même ne le savent. Il prédit l’avenir politique et social. D’ailleurs, il en est un des acteurs. En effet, les zémidjan man comme on les appelle souvent sont fréquemment sollicités par les partis politiques et la société civile pour leurs manifestations. Les sociétés quant à elles n’hésitent pas non plus à leur faire appel pour leurs actions Road show, caravane et autres. La particulière solidarité qui existe entre les acteurs de ce corps de métier, assure aux partis politiques et autres d’avoir une foule importante à l’occasion de leurs évènements. D’autre part, les sociétés sont sûres de faire le buzz dans les artères des villes si elles leurs font appel. Il faut dire qu’ils aiment bien ça ! Circuler dans un peu part tout en faisant beaucoup de bruits afin de faire connaître les actions ou les produits d’une société fut-elle ancienne ou nouvelle. Sans compter les avantages financiers que cela procure : se retrouver dans la peau d’un salarié le temps de quelques heures puis, renfiler son manteau d’entrepreneur ou de chef d’entreprise. Sans compter les avantages en nature à pouvoir tirer de ce genre d’activité.
Une autre aptitude du zémidjan est celle qui le met en position de confident et d’interlocuteur le temps du trajet. S’il est vrai que certains sont désagréables, il en existe qui sont parfaitement intéressant et qui peuvent par les discussions qu’ils engagent, très rapidement attirer la sympathie du ou surtout de la passagère. Une déception amoureuse, un souci quelconque, il est très fréquent que les femmes surtout se confient à leur conducteur. Il s’agit pour elle d’une opportunité de se décharger. L’exercice est surtout salutaire lorsqu’il s’agit d’un conducteur qu’elles ne connaissent pas. L’histoire ne risque pas trop de revenir dans des oreilles indiscrètes au quartier.
Il est donc fréquent que le conducteur se mue en conseiller ou encore en psychologue !
Enfin, le zémidjan est un bricoleur. Il semble savoir faire plusieurs petites choses. Il a des astuces pour réparer une panne quelconque à l’automobiliste même si ce dernier risque de ne pas faire preuve de gratitude. Il sait au besoin de transformer en agent de sécurité pour réguler la circulation ou encore poursuivre un voleur.
Le zémidjan, un téméraire
Pour devenir zémidjan, il faut avoir une maîtrise totale du guidon. Si la connaissance du code de la route est obligatoire, celle du plan des villes et quartiers dans lesquels il exerce est un adjuvant qui permet au zémidjan d’être plus efficace et de réaliser un maximum de chiffre d’affaire. On imagine bien qu’en maîtrisant les raccourcis, il arrive plus vite à destination et peut donc se faire un grand nombre de client au cours de la journée. Le prix d’une course avec le Zem varie selon la distance. En faisant fi des convenances qui voudraient qu’ils n’aient qu’un seul passager, ils prennent des fois plus d’une personne sans compter parfois des marchandises qui ne sont pas supposés rester sur une moto.
En dehors de ces compétences, toute personne qui prétend à ce métier doit être agile et patient. L’agilité permet aux zémidjans de se mouvoir avec facilité et de transporter beaucoup de personnes en une seule journée.
Une autre occasion où l’homme fait appel à toute son habileté c’est à l’occasion des contrôles de routine faits par les services de sécurité routière. N’étant pas toujours en règle, le plus souvent par rapport à l’assurance de l’engin, ils évitent par n’importe quels moyens les agents de sécurité en ces occasions. On se souvient encore qu’en 2015, ils avaient organisé un mouvement d’humeur pour manifester contre les tarifs fiscaux jugés trop exorbitants.
Pour ceux qui ont accepté partager leur histoire, on se rend compte qu’ils peuvent prendre en moyen 40 passagers/jour vers différentes destinations et faire en moyenne 1000 km journalier.
Si plusieurs parmi eux sont venus dans cette profession faute de trouver un mieux-être. Le métier leur a rendu bien rendu dans la plupart des cas. En effet tous ceux qui exercent ce métier affirment pouvoir joindre les deux bouts. Ils arrivent à subvenir aux besoins de leur famille et mettre en œuvre d’autres projets.
Matthieu un diplômé en communication et marketing, affirme avoir commencé ce travail après 2ans de chômage. ‘’Les débuts furent difficiles. J’étais obligé de passer toutes mes journées sur la moto, en fin de journée j’avais des maux de tête ou d’yeux‘’ confie-t-il. Après un bout de temps, il épargna suffisamment d’argent pour s’acheter un lopin de terre et avec un crédit accordé par une institution de microfinances il devint éleveur de poules. Selon lui le métier de zémidjan peut être un tremplin vers la réalisation des projets personnels. Le plus important en s’engageant dedans est d’être fidèle et travailleur.
Il faut reconnaître qu’il ne s’agit pas d’un métier facile. Les zémidjans sont exposés aux accidents tous les jours et l’état des routes n’est pas un facteur positif pour le métier. C’est d’ailleurs l’une des causes de leurs addictions aux antidouleurs et aux corticoïdes. Dans tous les cas, le secteur, s’il est réglementé être un véritable pilier de développement surtout sur le plan communautaire.
Intéressant ce qu’on font les zemidjan dans notre quotidien. Je viens de lire une description impressionnante de ce métier qui semble être banalisé en matière de statut dans la société alors qu’il apporte plus qu’on ne peut l’imaginer. Rappelons cet aspect aussi d’agents de ventilation d’information qu’ils sont. Ils sont plus informé que bon nombre de gens sur les faits sociaux même si souvent ils oublient de vérifier la véracité des informations qu’ils partagent. Ils sont une source d’information importante dans la société.
Le côté secouristes est un geste que je n’ai jamais compris chez eux. Ils sont prêts à aider les automobilistes en panne. Je me rappelle un astuce qu’un zemidjan m’a appris pour démarrer une moto qui refuse de répondre au démarrage conventionnelle. Rappelons aussi qu’ils sont solidaires envers leurs frères zemidjan plus qu’ils ne le montrent.
Bel article.j’ai aimé